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Le Gorafi, diatribe de l’information à la française
Le Gorafi a puisé son inspiration dans le journal The Onion, qui utilise des procédés comiques à la sauce américaine. The Onion se présente comme un journal d’information qui publie des articles satiriques, souvent en lien avec l’actualité. Il parodie les codes de la presse écrite, mais aussi de la télévision, de la radio, ou du web. Le journal se moque aussi de la société, de la politique, de la culture, ou du sport, en maniant l’humour noir, le sarcasme, l’ironie, ou le non-sens. Il fait souvent allusion à des œuvres, des genres, ou des discours connus, en les détournant ou en les caricaturant.
Le Gorafi pastiche l’actualité en publiant des articles drôles et caustiques, qui empruntent le style et la forme des médias d’information crédibles, tels que Le Monde, Le Figaro ou Libération. Le site offre des rubriques habituelles, comme la politique, l’économie, la culture, le sport, ou encore la société. Il exploite également les outils du web 2.0, comme les réseaux sociaux, les commentaires, les vidéos, ou les sondages. Le site se veut dynamique et collaboratif, en sollicitant les internautes à réagir aux articles, à les diffuser, ou à suggérer leurs propres idées de titres.
La différence entre la forme sérieuse et le fond loufoque des articles produit un effet comique, fondé sur le décalage, l’absurde, l’exagération, ou l’ironie. Le Gorafi imagine des faits divers invraisemblables, des déclarations grotesques, des sondages aberrants, ou des analyses tronquées. Il se moque des défauts de la société, des personnalités publiques, des médias, ou des idéologies.
Confidences pour confidences, il joue avec les stéréotypes, les clichés, les préjugés, ou les paradoxes. Il se fait un point d’honneur à manier l’hyperbole, la litote, l’antiphrase, ou le paradoxe, pour amplifier l’effet humoristique. Il fait aussi appel à l’intertextualité, en parodiant des genres littéraires, des œuvres célèbres, ou des discours officiels.
Une satire de l’information à la sauce télévisée
Le Gorafi a connu un succès croissant depuis sa création en 2012, et a décliné son concept sur d’autres supports médiatiques. Il a ainsi produit une chronique télévisée hebdomadaire sur Canal+ pendant la saison 2014-2015, intitulée « Le Gorafi News Network ». Cette chronique reprenait les codes visuels et sonores des chaînes d’information en continu, et présentait des faits divers, des reportages, des sondages, ou des interviews fictifs et décalés. Elle se moquait de l’actualité nationale et internationale, ainsi que des personnalités politiques, médiatiques, ou culturelles.
Le Gorafi a également réalisé une série documentaire en six épisodes pour Netflix, diffusée en 2022-2023, sous le titre « Le Gorafi : les dessous de l’info ». Cette série se présentait comme une plongée dans les coulisses du journalisme du Gorafi. Elle montrait les différentes étapes de la fabrication des articles, depuis les réunions de rédaction jusqu’à la publication en ligne. Elle mettait en scène des acteurs jouant les rôles des journalistes, des rédacteurs en chef, ou des sources du Gorafi, et utilisait un ton ironique et sarcastique pour dénoncer les travers et les dérives de la presse et des médias. Elle singeait également les codes narratifs et esthétiques des documentaires d’investigation, en utilisant des voix off, des musiques dramatiques, ou des effets de montage.
L’humour décalé au service de la critique sociale
Le Gorafi est influencé par la culture et la société françaises, qui ont une longue tradition de l’humour, de la satire, et de la critique. La France est le pays de Voltaire, de Rabelais, de Molière, ou de Coluche, qui ont utilisé l’humour comme une arme pour dénoncer les injustices, les abus, les hypocrisies, ou les absurdités de leur époque. La France est aussi le pays de Charlie Hebdo, de Hara-Kiri, ou de Siné, qui ont pratiqué l’humour provocateur, subversif, ou irrévérencieux, en s’attaquant aux tabous, aux dogmes, ou aux pouvoirs. La France est enfin le pays de la liberté d’expression, qui garantit le droit de rire de tout, même si cela peut choquer, blesser, ou offenser.
Le Gorafi représente un enjeu dans le contexte médiatique et social français, qui est marqué par la crise de confiance, la défiance, ou la méfiance envers les sources d’information, les institutions, ou les élites. Il joue avec les frontières entre le vrai et le faux, le sérieux et le comique, le réel et le fictif, en créant de la confusion, de la perplexité, ou de la surprise chez les lecteurs, les spectateurs, ou les internautes. Son but est d’interpeller, d’interroger, ou de déranger, par la mise en lumière des contradictions, des incohérences, ou des manipulations de l’information, de la communication, ou de la représentation. Le Gorafi invite, incite, ou provoque, en stimulant l’esprit critique, le sens de l’humour, ou la réflexion chez les internautes, les consommateurs, ou les acteurs.
À l’heure actuelle, Le Gorafi représente le plus bel exemple de la satire de l’information dans le monde audiovisuel. Il pare de créativité et d’originalité le web, qui a su adapter son humour à différents formats et à différents publics. Ce journal qui manie l’art de la dérision est devenu une référence incontournable de l’humour sur internet. Force est de constater qu’il a influencé de nombreux autres sites ou médias du même genre.